jeudi 29 octobre 2009

Attention, Chiens méchants!


Je sais, je sais... Ce week-end, c'est Halloween. Donc tout le monde cherche le petit film flippant qui le croquera durant la fête de la Toussaint dans nos salles obscures. Pourtant cette semaine est l'occasion de se manger une méchante torgnole sur grand écran, puisqu'une petite combinaison de salle permettra à certains de recracher sa bile sur le perturbant Straw Dogs qui secoua le réseau filmique au tout début des années 70.
Polar dramatique ultra violent et dérangeant, cet étrange film de Sam Peckinpah se range immédiatement aux côtés d'autres ovnis comme la dernière maison sur la gauche (première version) ou Que la bête meure. Les chiens de paille met mal à l'aise, autant par son ambiance particulièrement pesante, malsaine et sa tension en crescendo que par son explosion de violence graphique. Je me rappelle l'un des derniers visionnages de ce film, ou complètement captivé, je n'ai pas décelé l'état de tension de mon amie qui a fini par craquer, me faire une crise d'hystérie et quitter l'appartement en me demandant comment je pouvais cautionner de pareils atrocités...
Je dois l'avouer, Straw dogs est un film à prendre avec énormément de recul. Surtout lorsque l'on confie à un réalisateur tel que Sam Peckinpah le soin d'aborder des thématiques comme la pédophilie, le voyeurisme, l'isolation, le viol, la folie, la colère...
Tout débute dans une ambiance assez froide, alors que David Sumner, chercheur américain et sa jeune compagne Amy viennent s'isoler en campagne anglaise afin de de permettre au mari consciencieux de travailler dans une ambiance plus paisible. Mais dès leur arrivée, le couple se frotte à une faune rustre et faussement amicale, qui nargue l'homme d'un naturel timide et il faut l'avouer assez lâche. Les choses iront de mal en pis, lorsque David est amener à engager cette bande de taquineurs, qui va petit à petit l'entrainer dans un jeu malsain. La vie de David se complique d'autant plus, qu'Amy ne supporte plus être délaissé au profit du travail de son mari et adopte rapidement un comportement aguicheur vis à vis des étrangers qui investissent de plus en plus la maison. Ce petit jeu pourrait rester anodin, si le patriarche de cette bande loubard, le clan Venner, alcoolique notoire, n'agressait pas tout le monde depuis la remise en liberté de l'idiot du village, soupçonné de pédophilie. Toute cette tension, moquerie, harcèlement va bientôt amener David Sumner sur un chemin inattendu, une voie dont on ne sort pas indemne.
D'une forte brutalité psychologique, Straw Dogs reste le film le plus secouant d'un réalisateur qui à l'égal de Samuel Fuller n'a jamais accordé aucunes concessions, que ce soit aux studios, à ses propres personnages ou aux spectateurs. Il donne l'occasion à Dustin Hoffmann d'interpréter un rôle de composition, celui-ci du petit chiot qui las de se voir lancé des pierres fini par dévorer ses assaillants. Sam Peckinpah filme les scènes d'actions avec toute la virtuosité et le génie qui le caractérise, crystalisant la violence dans des ralentis qui marqueront à jamais John Woo et filmant de très près le visage déformé par la folie de ses protagonistes.
Les chiens de pailles est un film qui continue (à la manière de Délivrance, voir plus...) de travailler le spectateur, et ce bien longtemps après sa vision. Œuvre vénéneuse, bravant la censure, sombre et et sans issue, cet appel à l'auto-défense est reconnu aujourd'hui comme une des perles de l'audace vengeresse du Cinema des 70's. A ne manquer sous aucun prétexte.

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