mercredi 7 octobre 2009

300ème: Frissons mammaires!


Qu'est ce qui fait qu'un jeune américain d'origine allemande, plutôt timide avec les filles et officiant sous le général Patton comme cinématographe officiel du débarquement va devenir le plus grand maître de la sexploitation et par la même donner ses lettres de noblesses au cinéma B? Certainement la rencontre avec les jeune playmate de playboy alors que celui-ci, de retour dans son Oakland natal, tente de monter de nouveau show burlesque. L'une d'elle deviendra d'ailleurs sa femme quelque année plus tard.
C'est alors la tournée des grands ducs pour le talentueux Russ qui côtoie producteur et femmes peu vêtu. C'est donc tout naturellement qu'il tourne en 1959, The Immoral Mr. Teas, dont l'érotisme révolutionnaire lui rapportera un scré paquet de fric...
Mais il faudra attendre Lorna, en 64, pour obtenir un récit plus structuré du réalisateur qui aborde un thème qui lui est cher: la monotonie de la vie rurale, tout en repoussant les limites de la censure.

Mais n'oublions pas que nous sommes dans les années 60, dans un pays ultra-puritain, et le flower power n'existe pas encore! Russ Meyer enchaine donc des films violents saupoudré de lasciveté comme Mudhoney ou Motorpsycho. Ces films font également la part belle à un autre instrument que l'on retrouvera souvent chez Meyer, la mécanique. Voiture rutilantes, motos mugissantes, moteurs vrombissant, le réalisateur voue un réel culte à la plastique des véhicules, presque aussi obsessionnel qu'aux protubérances mammaires des femmes. D'ailleurs, il réunira tous ses éléments dans le très culte Faster Pussycat! Kill! Kill! qui peut être vu comme un film d'avant-garde. Ici, les femmes son belles et diaboliques, elles se battent et jurent comme des hommes et ce sont elles qui font la loi. La mystérieuse et fascinante Tura Santana reste d'ailleurs toujours une icône indétrônable de sensualité et de cruauté, qui fascine depuis de nombreuses années autant les hommes que les femmes, qui voient en elle un modèle de libération sexuelle.

Meyer fait ensuite une rapide excursion dans le Mondo-Film (On en reparlera, et je reprendrais bientôt ma chronique mensuelle)avec Mondo Topless et poursuit dans la veine de ses premiers essais en pondant coup sur coup Bonjour les Filles et À corps perdu. Mais à l'approche des seventies, le génie moustachu du bis se voit affublé d'une concurrence déloyale, l'arrivée du porno hardcore. Avec la libération des moeurs, beaucoup de films nettement plus explicites voient le jour et mettent Meyer dans l'embarras. Mais l'homme respecte bien trop les femmes pour tomber dans la scabrerie de bas étage. Il réalise alors Vixen, début d'une saga franchement plus érotique mais au potentiel également plus commercial. Et bien entendu, c'est le Jackpot! La moitié des Etats-Unis craque pour la poitrine généreuse de la belle Erica Gavin et se pavane devant ses aventures rocambolesques. Suivra dans la même veine le mésestimé Cherry, Harry and Raquel.

Devant le succès commercial de ses films, Hollywood fait pression sur le bonhomme et celui-ci cédant, fini par réaliser deux films pour de grands studios: Beyond the Valley of the Dolls et The Seven Minutes. Insatisfait de son travail, il revient en temps qu'indépendant et tourne qui sera peut-être le pire film de sa carrière, Black Snake, soit un vague film d'aventure sur fond de révolte d'esclaves.

Il faudra attendre trois longues années avant que le prince des bustes plantureux se remette au boulot et nous livre son meilleur film alias Supervixen. Sorte de dessin-animé live érotique entre Plympton et Tex Avery, Supervixen reste le film le plus fou de son réalisateur et aussi le plus beau graphiquement. Ce thriller lascif déjanté attise le désir avec son sextet d'actrices plus copieusement charnelles les unes que les autres, et dépasse toutes les limites du bordel cinématographique.
Meyer clôturera ses aventures mammaires et cinématographiques avec Megavixen et Ultravixen, qui s'ils n'atteignent pas les qualités de leur prédécesseur, permettront de retrouver l'ambiance hilarante de la série et surtout de rester bouche-bée encore une fois devant la générosité inégalable (je pense) de Uschi Digard.

Ceux qui voient dans le cinéma de Russ Meyer un être misogyne et pornographe doivent probablement s'être sauvagement fracassé la tête sur le coin de la commode. Et pour preuve, ce doux dingue devra même porter plainte contre sa dernière compagne pour violence conjugale.
Russ Meyer voue pourtant un parfait culte aux femmes. Dans ses films, elles sont tantôt fragiles, parfois dominatrices, quelques fois violentes et tendres à la fois, mais toujours libres. Meyer n'a jamais cedé à la pression de la pornographie et est un fervent défenseur de la libération des droits de la femme. Et celles-ci lui rendent bien.
On notera également que le cinéma de Russ Meyer aura influencé un bon nombre de réalisateurs, Tarantino en particulier, car si on retrouve de nombreux éléments du réal de Vixen dans Kill Bill, on se dit surtout que sans Faster Pussycat, Death Proof n'existerait pas aujourd'hui.
Après 1979, Russ Meyer s'est arrêté de tourné, pensant qu'il avait fait le tour de son art. Il entama une biographie qu'il ne termina jamais, et s'éteint en 2004 à l'âge de 82 ans. Alors à ceux qui n'ont apperçu sa filmographie que par le bout de la jaquette, penchez vous plus que 5 minutes dessus, ça vaut le coup d'œil.

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