
David Cronenberg est un nom qui fait qui fait froid dans le dos. A tort ou à raison d'ailleurs. Il est étonnant de voir voir comment Kronenbourg pour les intimes a modifié nos perceptions du cinéma fantastique en une poignée de décennies. Ce petit écrivain Canadien raté se retrouvant quelques années plus tard propulsé Chevalier des arts et des lettres et Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'Honneur. Et tout ça pourquoi? Pour avoir assouvi nos pulsions morbides en déversant dans nos cerveaux innocents ses propres obsessions pour la chair.
La carrière de David commence en 1966, avec deux court-métrages, puis il passe aux choses sérieuses en signant Stereo et Crime to Future pour un réseau de production indépendant qui, s'ils n'apportent rien de vraiment remarquables au genre, vont définir le style expérimental du réalisateur. Par la suite, il réalise coup sur coup Fissons et Rage, deux films érotico-macabres, qui ne plairont pas du tout au gouvernement Canadien. Il tourne d'ailleurs avec la pornstar Marilyn Chambers et s'assure le succès du public.
Il signera ensuite Fast Company, petit film, mais plus gros budget. Cronenberg n'est pas idiot, il sait qu'en tournant ce film il s'assure une liberté créatrice pour ses prochain projets, et plus de peanuts pour pour ses ovnis chéris. Et c'est ce qu'il obtient.
Avec The Brood ou Chromosome 3, Cronenberg rentre enfin de plein pied dans l'horreur et va pondre une des œuvre les plus marquante de sa jeune carrière. Très autobiographique, puisque le réalisateur vit drame similaire au héros du film, il va recracher un enchainement d'évènement dramatiques et psychologiques de manière la plus organique possible et définitivement se créer un genre à part. Les films de David Cronenberg n'entrent plus dans aucunes cases et il est bien difficile de les catégoriser. C'est également le cas pour Scanners. Qui même s'il est un carton commercial, reste indéchiffrable pour le profane. Film une nouvelle fois très personnel, où l'auteur y décrit sa propre vision du bien et du mal, dans un affrontement de mutants qui parasitent notre société.
Alors que Cronenberg s'est trouvé une place de choix à Hollywood, il comprend que ses films ont quelque chose de dérangeant, de curieux, de fascinant... Il souhaite alors se rapprocher du spectateur, voir le faire participer à ses films. Déboule alors en 1983, Videodrome. Claque visuel et psychologique pour tout une génération de cinéphile et de nerds qui rentre de plein qui connait l'essor de la chaine MTV, et l'arrivée du réseau câblé. Cronenberg invente à son insu la télé-réalité et choque son petit monde en transformant la chanteuse pop de Blondie, Debbie Harry, en vamp sado-maso. Avec ce film, Cronenberg créé un miroir et renvoi au spectateur son propre reflet à travers le personnage Max Renn, producteur de porno hardcore, devenu tellement accro à une émission de snuff que celle-ci le pousse au meurtre. Le plus Hitchcockien des pelloches de son auteur sera aussi son plus fédérateur. Le slogan qui tue: "Vive la nouvelle chair", c'est bon, les préoccupations du filmaker n'ont jamais été aussi présentes.
La même année, Cronenberg répond à une commande, en adaptant le roman de Stephe King Dead Zone. Si on ne sait pas trop ce qui a poussé les Studios à proposer le projet à Cronenberg, ni à celui-ci d'accepter, il n'en reste pas moins que le résultat est plus que probant et qu'il s'agit d'une des meilleurs adaptation du king de l'épouvante.
Est-ce par manque d'inspiration ou par admiration, nous l'ignorons, mais à partir de maintenant Cronenberg ne réalisera presque que des adaptation ou des remakes comme La mouche, hommage à peine déguisé au film de James Clavell avec Vincent Price, dans lequel le Canadien va injecter ses préoccupations pour la mutation génétique et la déchéance de l'état physique. C'est aussi le dernier film "gore" à proprement parler du réalisateur, puisqu'il va peu à peu s'extirper vers d'autres sphères. En premier lieu avec faux-semblants. Film dans lequel on suit deux brillants jumeaux inséparables mais psychologiquement très différents qui vont vivre une parfaite descente aux enfer suite à leur rencontre avec une femme à la particularité génétique bien spécifique. Puis viendra Le festin nu, roman culte de William Burroughs jugé inadaptable. Et inadaptable restera, puisque que Croneneberg survole le fond de l'œuvre du mythe de la Beat Génération pour s'en réapproprier la forme et exprimer son adoration envers l'univers singulier de l'auteur de Junky.
Sorte d'intermède dans la carrière de du cinéaste, celui-ci va tourner un film dramatique doux-amer en l'adaptation de la pièce M.Butterfly. Cet immense succès lui ouvre définitivement les porte du cinéma A, mais lui permet quand même d'explorer le thème du changement de corps... Ouf!
La renommée internationale, si on peut l'exprimer ainsi sera son propre revers de médaille. Adulé par les uns, conspué par les autres, l'art de Cronenberg subjugue, perturbe, mais ne laisse pas indifférent... Et lorsque que Crash est présenté à Cannes, c'est le scandale. Le public, hurle, crie, applaudie, s'enfuit... Adapter le roman autobiographique de Ballard ne pouvait qu'ébranler. Le réalisateur réconcilie durant une heure et demie un accidenté de la route avec la civilisation dans des coïts violents contre des morceaux de tôle froissés. Désaxé et déviant, le film remportera néanmoins le prix du public, comme quoi faire réagir ça a du bon.
Alors que le nom du cinéaste est sur toutes les lèvres, celui-ci va pourtant être victime du Bug de l'an 2000 et va en quelque sorte piétiner. Tout d'abord avec ExistenZ, qui s'il n'en reste pas moin un excellent film de SF, se veut surtout un eratz de Videdrome de bas-étage passant au crible l'univers du jeu vidéo. Mais malheureusement pour lui Strange Days de Kathryn Bigelow est déjà passé par là. Viendra ensuite Spider, petit thriller dramatique, un brin trop classique et qui s'éloigne un peu trop de la fantasmagorie chérie de notre Cro' adoré.
La renaissance viendra de sa rencontre avec l'immense Viggo Mortensen, sorte d'alter-ego du réalisateur avec qui il tournera deux chef d'œuvre. Durs, froids et cruels, les inoubliables History of Violence et Eastern promises. Deux uppercuts inséparables l'un de l'autre qui sacralise le cinéma manichéen d'un des plus important cinéaste de la seconde partie du siècle dernier et certainement de celui à venir, qui devrait bientôt nous revenir avec un polar d'espionnage intitulé Matarese Circle.
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