
Qui aurait un jour imaginé que Kaamelott, petite série destinée à combler le trou entre la météo et le film du soir sur M6 devienne une institution, que dis-je une révolution dans le paysage audiovisuel français. Je ne suis pas sûr qu'Alexandre Astier s'attendait lui-même à pousser sa sitcom aussi loin. Et pourtant... Alexandre Astier est seul parent du projet puisqu'il endosse à la fois les casquettes de réalisateur, scénariste, monteur, compositeur, producteur et acteur principal du show... Ouf! Kaamelott, c'est aussi une histoire de famille, devant et derrière l'écran, puisqu'à travers l'entourage du Roi Arthur, le nom Astier revient assez souvent du beau-père irascible Léodagan au beau-frère débile Yvain, chevalier au lion, le chef d'orchestre aime s'entourer de ses proches. Enfin, pour mieux les tourmenter par la suite, car si le succès de Kaamelott repose bien sur une chose, c'est sur la capacité de ses protagonistes à revisiter le mythe de la table ronde dans un jeu de massacre que n'aurait pas renié les Monthy Pythons themselves. D'ailleurs, tout ça ne serait pas un peu inspiré de Sacré Graal? Mais qu'importe, les Chrétiens de Troye peuvent se retourner dans leurs tombes devant ces contes de Bretagne malmenés à coup de dialogues caustiques et de cynisme second degré. Devant les pitreries de Perceval et Karadoc, la couardise de Bohort, l'inutilité de Merlin, les coups de sang de Dame Séli, la navrante naïveté de Guenièvre, les élans courageux mais inutiles de Lancelot et le Spleen du Roi Arthur qui peine à gouverner quoi que ce soit, le spectateur à trouvé son saint Graal! Reconduit de saisons en saisons, Alexandre Astier se lâche, et M6 en fait de même avec le porte-feuille. Au fil des arcs le ton se durcit tout de même tandis que le format des épisodes se voit modifié, de cinq minutes on passe à dix, puis un quart d'heure... Le ponpon reviendra cependant à la saison 5 qui éliminera presque tous éléments humoristiques pour se concentrer sur les états d'âmes d'Arthur et à sa rivalité avec le chevalier Lancelot du Lac, et dont la conclusion laissera un goût plutôt amer pour tout fan bon enfant de la série. Mais de retour sur les petits écrans cette année dans une forme plus compacte (9x45 minutes), Kaamelott nous est réapparu plus en forme que jamais synthétisant cinq longues années d'expériences et sous forme de flashback, narrant la période où le jeune Arthur faisait ses classes à Rome. Tout laissera à penser d'ailleurs qu'Astier a profité de son temps libre pour s'abreuver du maintenant classique d'HBO du même nom, et qu'avec finesse il en a Astier-ixé le tout. Pour une fois qu'un créateur hexagonal nous pond une série un tant soit peu humoristique et assez intelligente pour invoquer les fantômes d'Audiard et de Desproges, on ne va pas s'empêcher de rigoler. Il ne nous reste plus qu'à attendre le film sur grand écran qui devrait conclure cette grande saga télévisuelle qu'on n'oubliera pas de sitôt.
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